Dans l'église s'affrontent les idéologues, défenseurs de la doctrine, et les praticiens - issus de "la pastorale" - et qui ont une expérience pratique de la prétrise. Benoit XVI est un pure produit de la doctrine, il a été titulaire de la chaire de dogmatique à l'université de Ratisbonne puis prefet de la congrégation pour la doctrine de la foi (qui portait, à une autre époque, le doux nom d'inquisition). La plupart des prètres et évèques français sont issus de la pastorale. Ils ont une expérience forte du terrain et s'inquiètent du décrochage de plus en plus flagrant entre le discourt tenu par le pape et les attentes de leurs paroissiens. Les fidèles se font de plus en plus rares, les églises se vident. Les vocations sont de plus en plus rares. Le nombre de prêtres diminue, la visibilité de l'église dans la société également. Difficile dans ces conditions de remplir pleinement la mission d'évangélisation qui incombe à l'église. D'autres religions gagnent du terrain et parfois, pire, des organisations sectaires prennent le relais du rôle que l'église n'est plus à même d'assurer. J'ai déja exposé mes idées sur les déclarations récentes de Benoit XVI, que je trouve extrèmement préoccupante. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à m'en préoccuper au vu de certaines réactions vues ici (Pauvre église) et .

Heureusement, des homme d'église n'hésitent pas à critiquer les dernières positions du pape. C'est le cas par exemple de l'évèque honoraire d'Amiens, Monseigneur Jacques Noyer, qui a signé plusieures tribunes sur le sujet. Pour resituer les choses, Jacques Noyer est l'un des premier évèques à s'être insurgé contre la protection octroyée par l'église envers les prêtres pédophiles. Il a également combatut l'intégrisme de l'église de Monseigneur Lefebvre. Il est également proche de Monseigneur Gaillot. On peut trouver une liste de ses tribunes dans témoignage chrétien. Lisez les toutes, elles sont très intéressantes...

Quoi qu'il en soit, trois écrits ont retenu mon attention : Etonnez-nous, Benoit XVI, où Jacques Noyer demande au pape - quelques jours après son accession - de nous surprendre et de prolonger l'héritage de ses prédécesseurs. En oeuvrant pour le rapprochement des religions, et en offrant un nouveau souffle au message de l'église. On sait aujourd'hui ce qu'il en est...

Dans le second écrit, Jacques Noyer se demande s'il faut canoniser Jean Paul II. Sa position est pour moi très claire. Il n'est pas certain que le pape soit celui qui ait le plus de mérite dans son action sur cette terre. Par ailleurs, il s'interroge sur le fait que l'église soit à même de reconnaitre ceux qui ont fait le bien sur terre alors que le christ s'y est lui même refusé. Enfin, pour Mgr Noyer, attribuer trop souvent la qualité de saint aux papes revient à démontrer que le royaume des cieux n'est pas très différent que sur terre. La hiérarchie catholique y étant alors totalement préservée.

Dans le troisième écrit, Jacques Noyer interpelle carrément Benoit XVI en lui disant "Très saint Père, ne faites pas cela !". Dans cet écrit, qui date de quelques semaines, Jacques Noyer explique pourquoi cela serait une erreur de revenir sur les préceptes du concile Vatican II avec des messes en latin, le dos tourné vers l'assemblée. Ses arguments sont de très bon sens.

Dommage que l'assemblée des cardinaux ne comporte pas plus de gens qui ont un excercice pratique de la religion... Le pape ferait bien d'écouter un peu la détresse de certains de ses serviteurs...