Du déclin de l'empire Romain
Par Tizel le jeudi 5 avril 2007, 08:08 - 3976 lectures
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Le catholicisme a du souci à se faire...
Le pape Benoit XVI a 80 ans. Difficile dans ces conditions d'être en phase avec son époque. Benoit XVI multiplie ainsi depuis quelques mois des décisions que l'ont peut qualifier d'extrêmement conservatrice, voire rétrograde. Ce n'est pas ainsi que la religion gagnera de nouvelles lettres de noblesse dans nos contrées.
Le pape Jean Paul II a eu des effets bénéfiques dans la première moitié de son pontificat, notamment sur la chute des dictatures communistes des pays de l'est et le rapprochement de la religion avec sa jeunesse. La seconde moitié de son pontificat fut beaucoup plus controversée, avec la condamnation des "meurs libertines" et son incapacité à tenir un discourt audible sur le drame du SIDA. Benoit XVI devait apporter un nouveau souffle... Mais les espoirs de renouveau n'ont pas fait long feu. On se retrouve avec un pape extrêmement traditionnel, jusqu'à la caricature. A croire que Benoit XVI n'a rien vécu depuis les années 30.
Benoit XVI n'a pas varié d'un iota sur les positions de son prédécesseur... Il continue de défendre les bonnes moeurs et de condamner l'avortement. Position hautement défendable. Mais malgré l'état de déclin de la religion catholique et la crise - sans doute irréversible - des vocations, Benoit XVI se refuse toujours à accepter le mariage des prêtres et de donner le droit à des femmes de célébrer une messe. Il peu dire qu'un rassemblement de fidèle ne vaut pas une messe, je lui demanderais alors d'assurer à chaque catholique d'avoir un prêtre accessible. Difficile - voire impossible - aujourd'hui en France d'avoir un prêtre célébrer pour un enterrement. Heureusement que des bénévoles prennent le relais pour assurer une cérémonie et un départ dans la dignité.
Pire, Benoit XVI revient sur les acquis de Vatican II. Il sera désormais possible aux prêtre de célébrer la messe en latin (le latin va d'ailleurs être plus profondément enseigné dans les séminaires), dos à l'assemblée. On se croirais revenu au bon vieux temps des messes décrites dans les films de Fernandel, l'humour en moins... Comment peut-on mettre encore plus de distance entre l'église et les fidèles à l'heure où les assemblées de fidèles se font de plus en plus vieillissantes ? On voudrais détourner les derniers fidèles, on ne ferait pas mieux. Un discourt n'est audible que dans la langue de l'auditeur, simple question de bon sens.
Le procès en béatification de Jean Paul II est mené au pas de charge. Est-ce là une sage décision. Certes, Jean Paul II était un grand pape, mais de là à en faire un saint... L'église qui, depuis quelques années, prend ses distances envers les miracles, commence à en trouver pour ce pape. Etait-ce vraiment le plus grand saint homme qui soit sur terre à cette époque ?
Pauvre Eglise, comme le dit si bien Olivier... Si cela ne revenait pas à souhaiter la mort de Benoit XVI, je dirais : "Vivement le prochain". Je suis catholique par tradition, mais je me reconnais de moins en moins dans l'église de Rome. Heureusement qu'en France, des curés de campagne - et des villes - oeuvrent sans relâche et en toute humilité - pour rattraper les bourdes du Saint Père...
Commentaires
Le catholicisme ! la dictature religieuse, "vous brûlerez tous en enfer" sauf si vous allez à la messe et vous confesser pour être pardonner. Moi ça me fout la gerbe. Après si des fidèles ont besoin de curés de campagne (ou de ville) pour avoir une conscience tranquille, je n'y trouve rien à redire, chacun fait ce qu'il veut avec sa foi, et j'ai rencontré des curés humanistes admirables.
Mais qu'ils ne viennent pas me condamner pour mes "mauvaises" manières. Là, je serais virulent, et j'aurais envie de les brûler tout de suite, maintenant. Ils auront l'éternité pour se rafraîchir au paradis.
Ca ressemble à du bouffe curé primaire, mais j'assume.
Quel titre ! Et quel bon billet ! Merci pour la citation et, afin d'être complet, je vais trouver un moyen de pointer cet article dans le billet de Nuage que tu signales.
Je lisais hier que Benoît était décidé à tout faire pour éradiquer - ce n'était pas dit ainsi - tout ce qui est laïc, athé, agnostique ; quitte à se rapprocher, à coller aux fondamentalistes de sa paroisse ; voire aux intégristes de ses concurrents aux sources identiques.
Comme MarcelD, j'ai connu des curés, prêtres, moines humanistes ; mais c'était voici bien des années ...
Le déclin de l'Empire Romain se fait particulièrement sentir en France Tizel, mais je ne pense pas que ce soit le cas partout ailleurs dans le monde. Ce qui fait que l'Eglise apostolique et romaine a encore de beaux jours devant elle.
Mais la perception sur l'influence du catholicisme fr. est du même ordre que celle des Guignols de l'info. Totalement contradictoire comme on peut le constater à la suite de la mort de l'abbé Pierre, une info que même les "bouffeurs de curés" ont relayé, la larme à l'oeil, sur leurs blogs.
Mieux valait, aux yeux de l’abbé Pierre, peu de "croyants croyables" qu’une masse de croyants tièdes et contredisant par leurs actes la force du message chrétien. Le père Philippe pensait que l’Église, à la suite du Christ, devait passer par la passion du vendredi saint et l’enfouissement silencieux du samedi saint avant de connaître le bouleversement du dimanche de Pâques. Ces grands croyants n’étaient pas accablés par la baisse de la foi. Au contraire, ils y voyaient les germes possibles d’un grand renouveau, d’un événement spirituel majeur, mettant un terme à plus de dix-sept siècles d’une confusion entre foi et politique qui a dévoyé le message de Jésus : "Voici mon nouveau commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés." Comme disait le théologien Urs von Balthazar : "Seul l’amour est digne de foi." C’est ce qui expliquait la fabuleuse popularité de l’abbé Pierre et qui montre que les Français, à défaut de se sentir catholiques, restent extraordinairement sensibles au message fondamental des Évangiles.
Pour cela il suffit de s'intéresser au discours des alter-mondialistes qui ont exactement les mêmes positions que les catholiques, la même rhétorique compassionnelle au sujet des gens qui souffrent, qui sont dans la misère. Pas de soucis à se faire, donc !
Quant à l'Eglise, elle n'aurait jamais perdu autant de fidèles en France, si elle n'était pas tombée dans une sorte de populisme, de démagogie en se voulant plus proche des fidèles. A long terme la démagogie ne paye pas et les politiciens devraient s'en rendre compte. Mais eux ne sont élus que pour 5 ans.
Aussi, je pense que Benoît a parfaitement raison d'en revenir aux fondamentaux, s'il veut enrayer la désaffectation des temples dans certaines régions occidentales, et pour que cela ne gagne pas le reste du monde. Notons au passage que la religion chrétienne est tjs n°1 au Top 3 des religions.
Les églises sont responsable de tellement de guerres et de morts que je ne pleurerais pas leurs déclins. Zut je vais brûler en enfers...
Mais j'ai bien peur qu'au contraire que l'église devient de plus en plus dangereux. Regardez les créationnistes américains. C'est bien une preuve flagrante de la radicalisation.
Mais au pays de Voltaire la fin de l'influence de l'administration catholique est une suite logique. Il faut dire tout de même que les religieux sont résistants ça fait des siècles qu'ils tiennent bon à contre courant.!
Pour avoir fait de l'histoire religieuse, je prends toujours du recul face à la religion de notre époque, "adaptée" et transformée pour s'éloigner peu à peu d'écrits dont on doute de plus en plus. La religion perd de son influence, qu'elle soit catholique ou non, et devient au demeurant sectaire voire extrémiste. C'est un sujet délicat dont le représentant est un souvent éphémère et trop vieux pour faire changer les choses. Certes il a la sagesse de l'expérience, mais est-ce réellement de la sagesse?
Il est clair qu'en France, l'église est en déclin. Evret, à partir du moment où le pouvoir ou l'influence de l'église "classique" décline, les églises plus radicales gagnent en visibilité et en dangerosité (avec certains mouvements plus proche des sectes que des religions).
Sheiro, je pense que l'église n'a fait que tenter de suivre son époque. Avec bien du retard malheureusement, ce qui l'a conduit à sa perte. Les moeurs ont évoluées, et ce mouvement a eu lieu avec des avancée sur lesquelles ils sera difficile de revenir (même si ce n'est pas impossible).
Tizel
Bonjour Tizel,
Au plan social, les terres en friches abandonnées par une église en mal de reconvertion (!!!) offrent de vastes plaines pour les charlatans et prédicateurs de tous poils qui s'y engouffrent et font carton plein de la détresse morale et intellectuelle.
En outre, autant l'église catholique a eu son Voltaire pour la remettre en question, au siècle des lumières, et la chrétienté (protestants, orthodoxes) toute entière a profité de l'impact des philosophes, autant d'autres religions n'ont pas connu au cours de leur histoire de profonde remise en perspective.
Je suis personnellement athée, mais doit reconnaitre que c'est un tournant dangereux que nous vivons actuellement, avec une profonde crise de spiritualité (celle qui n'a rien à voir avec le religieux, mais tout à voir avec l'humain) et une perte de repères au plan général et mondial.
En conclusion, et ce sera ma petite boutade du jour, en référence à tous les bigots qui pratiquent pour racheter les vilaines actions commises au quotidien, je me prends parfois à espérer qu'il y ait un "bon dieu" qui leur fasse leur compte en bonnes et dûe forme !!
Bien à toi