C'est assurément l'info de la semaine... L'Abbé Pierre est décédé. C'est l'une des grandes figures de la France au XXième siècle qui vient de s'éteindre. Un hommage national lui sera rendu Vendredi, à la cathédrale Notre Dame.

L'abbé était un fervent croyant, mais ses positions et ses convictions ont toujours été plus proches du peuple et des gens que de la doctrine aveugle de l'église. L'abbé s'est ainsi interrogé sur l'intérêt des déplacement coûteux du vénéré Pape Jean Paul II. Il s'est prononcé en faveur du mariage des prêtes - car le célibat est une croix sans doute trop lourde à porter - et en faveur de l'ordination des femmes - car, dans les évangiles, rien ne l'interdit. Il s'était enfin prononcé pour un usage, plein de bon sens, du préservatif. Tout comme le pape - et comme tout bon chrétien - il prônait la fidélité (a mon sens une très bonne valeur morale), mais il ajoutait que lorsque cela se révélait nécessaire, il fallait se protéger. Risquer de contaminer quelqu'un sciemment, jugeait-il, c'est criminel. Il s'était également prononcé en faveur d'un usage de bon sens de la contraception et de l'avortement. Bref, le petit Abbé était bien plus moderne que son église, ce qui ne manquait pas d'embarrasser une hiérarchie qui n'avait finalement que bien peu d'emprise sur lui.

C'est aussi pour cela qu'il était aimé l'abbé, sa foie était avant tout animée par ses compagnons. Un prêtre catholique, mais une modèle laïque en faveur des plus démunis.

L'église, et la conférence des évêque de France, en la personne de Mgr Stanislas Lalanne, s'est empressée d'annoncer qu'il n'était pas question, sous le coup de l'émotion, d'engager un procès en béatification pour l'abbé Pierre. De tels précautions n'ont pas été prises pour le précédent Pape, dont le procès en béatification a été mis sur les rails alors même qu'il n'était pas encore complètement refroidit. Mais qu'importe, pour être béatifié, il faut avoir fait des miracles. L'abbé Pierre n'était pas un être supra-naturel, juste un héros ordinaire, et c'est en cela qu'il a su toucher le coeur des gens. Être Béatifié ? Il n'en avait sans doute que faire. Ce qui l'importait, c'était de rendre l'espoir à des gens qui n'en avaient plus. Il ne voulait pas qu'on le sanctifie, mais qu'on suive son exemple pour aller à la rencontre des plus démunis.

Souhaitons que la mairie de Paris trouve, avec autant d'empressement qu'ils l'ont fait pour rebaptiser le parvis de Notre Dame, un lieu digne de porter le nom de ce petit homme.

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