• Novembre : la France est à feu et à sang, c'est la guerre civile dans les banlieues. Les ambassades étrangères recommandent à leur ressortissants de ne pas quitter le centre des villes.
  • Février : Dominique de Villepin, à la surprise générale, et sans avoir consulté personne, propose un nouveau type de contrat qui vise à favoriser l'insertion des jeunes dans le monde du travail. Cette décision a la faveur de l'opinion, jusqu'à ce que De Villepin impose son contrat...

Je comprend que l'on puisse avoir des craintes face au CPE, mais regardons les choses en face. Certains jeunes cumulent stages et petit boulot sans jamais décrocher de CDD ou de CDI. Certains jeunes sont "inemployables" en l'état par des entreprises. Certes, il faut leur donner leur chance, mais le cadre d'un CDI ne le permet pas. Certains des étudiants qui manifestent actuellement ne sont même pas concernés par ce contrat car ils ont plus de 25 ans. Ceux qui manifestent à tord ou a raison manquent sans doute de confiance en leur diplôme : auraient-ils, comme beaucoup, choisis leur filières de façon très hasardeuse à la sortie du lycée ? Pourquoi tant de crainte de la part d'étudiant (sur)-diplômés. Tous ne sont pas concernés par le CPE, et, à fortiori, pas les meilleurs d'entre eux. Par exemple, peu d'élèves d'écoles d'ingénieur manifestent aujourd'hui. Les jeunes de banlieues, eux non plus, ne semblent pas protester : la mesure a été prise en partie pour eux qui n'arrivent même pas à décrocher des CDD.

Mettons nous maintenant à la place d'un chef d'entreprise. Celui ci voit un jeune "sans qualification" qui frappe à la porte de l'entreprise. Comment l'employer, le prendre à l'essaie ? Il est encore étudiant : on le prend en stage. Il n'est plus étudiant : un CDD de six mois (pour ne pas prendre trop de risque quand à l'individu), puis de 12 mois (le temps de finir sa formation)... Le CPE ne change pas grand chose du point de vue du "jeune" qui est embauché. Maintenant, mon entreprise bat de l'aile, je n'ai même pas de perspective à 6 mois ou a un an. Je dois alors faire appel à l'intérim. On voit ainsi des entreprises qui font massivement appel aux travail d'intérimaires alors qu'elles pourraient prendre et former des jeunes.

Les entreprises ne sont pas forcément toutes méchantes et capitalistes. Un salarié représente dans un premier temps un coût pour l'entreprise qui doit former ses nouvelles recrues. Un salarié, surtout lorsqu'il n'a aucune expérience, représente un investissement qui n'est rentable qu'au bout de plusieurs mois. Il n'est donc pas dans l'intérêt de l'entreprise de recruter à l'aveugle ses employés et de s'en débarrasser une fois que ceux-ci deviennent vraiment opérationnels. Certaines entreprises qui ont massivement fait appel à des stagiaires commencent à s'en mordre les doigts. Quand le savoir faire d'une entreprise est entre les mains "d'employés" qui sont remplacés tous les 6 mois, c'est que le savoir faire de l'entreprise est très volatile : le suivit de projet est alors inexistant et les perspectives de développement sont extrêmement réduites. Il n'est donc pas dans l'intérêt de l'entreprise de précariser à outrance ses salariés.

Le CPE peut être une chance pour certains d'acquérir une réelle expérience et de se faire un trou dans l'entreprises. A eux de se montrer sufisamment utiles pour que les entreprises aient envi de les garder. Il y aura toujours des entreprises qui profiterons du système, mais beaucoup jouent tout de même le jeu. Enfin, quelle image souhaite t'on donner de l'entreprise à la jeunesse ? Si la jeunesse a un tel esprit de méfiance vis a vis de l'entreprise avant même d'y avoir mis les pieds, il n'est pas étonnant qu'elle n'arrive pas à s'y intégrer.